Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ecrire pour parler

Archives
Derniers commentaires
12 avril 2010

Rando-roller

Fossile« Vous venez à la rando roller de dimanche prochain ? »

 

Ma fille pose cette question et spontanément je réponds positivement. Orgueil de « père », de « mâle », « d’être vivant » prêt à relever tous les défis qui se présentent. Adonc, nous fûmes, mon épouse et moi-même, au rendez-vous de la rando-roller, ce dimanche 11 avril 2010. C’est curieux cette nervosité avec laquelle je pris mon déjeuner. Il est vrai que, invités la veille chez des amis nous nous couchâmes à 2 h 30 du matin et la perspective de chausser les rollers à 14 h 30, insidieusement devait me travailler. 

Ainsi, fier comme un chevalier de la table ronde, j’arrive avec mon épouse place de la Bastille, après que nous eûmes devisé longuement, tout le temps du voyage sur les risques et efforts que ce « divertissement » allait demander. Au cours du voyage, quelques silences respectés de part et d’autres, permettaient à chacun de nous de retourner à ses affres personnelles et de leur filer une correction. 

Chaussage (?), enfilage des protections. Important les protections quand une espèce d’inquiétude vous taraude les tripes. Tout va bien aller, c’est sûr (au moment où j’écris cela j’émets un soupir de soulagement). Rassemblement sur le tarmac (qu’est-ce que je raconte moi). D’un seul coup d’un seul la masse humaine agglomérée devant moi se met en mouvement. J’ai mal. Où ça ? Au devant du mollet, c’est sûr je n’arriverais pas à faire 100 m. Et puis, ils sont tous là, autour de moi, apparemment détendus, sûrs d’eux, se mettant en mouvement, sans angoisse, souriants. C’est le moment où je tords le cou à la mienne, « mon pote tu y es, tu y vas ! ». 

Cinquante mètres plus loin, premier regroupement, ça ralentit et on s’arrête. « Ah, c’est cool, si c’est comme ça jusqu’au bout ». Mais immédiatement je me dis que ce ne sera pas le cas, ça peut pas être aussi calme pendant 20 kms. Je pense à vil coyote dans un dessin animé qui remonte sa poitrine et se lance à la poursuite de Bip-bip. Une épreuve n’est jamais insurmontable avant de l’avoir affrontée, alors affronte là et…. 

Pont d’Austerlitz, le jour de Paris-Roubaix, l’épreuve des pavés, même les rollers expérimentés sont mal à l’aise. Certains se vautrent par terre, mais la fierté aidant (ou la honte, je ne saurais dire) se relèvent rapidement. Est-ce un champ de mines, ce n’est qu’une série d’explosions sous les pieds qui renvoient une jambe vers l’arrière, l’autre sur le côté. « Tiens une pièce de cinq centimes ». Pas le temps de me baisser pour la ramasser, d’ailleurs cette pensée me parait futile, tellement je suis accaparé pour rétablir un minimum d’équilibre. Tout d’un coup, à quelques mètres devant moi, cinq ou 8, peut-être, j’aperçois la surface lisse du bitume. La frénésie du naufragé s’empare de moi et je nage (pas facile avec des rollers) frénétiquement jusqu’à la grève reposante. Ouf, je reprends un rythme de patinage plus serein, puis allègrement entreprends la montée du boulevard de l’Hôpital. Au bout de quelques mètres, cette sérénité redevient plus laborieuse et me ramène à une autre réalité : il reste du chemin à faire en restant sur ses pattes. Alors revient sur terre et reste concentré. 

Heureusement, nous bifurquons à droite pour emprunter le boulevard Saint Marcel puis de Port Royal, qui sont assez bien carrossés et en légère descente. C’est long, et cela permet d’essayer quelques fantaisies, un peu de vitesse. Quelques trous dans la chaussée m’interpellent et m’invitent à la prudence. A ce moment je me sens bien chaud, à moitié en confiance (parce que j’ai compris qu’il fallait rester vigilant). La tête se redresse et le regard est plus vers l’avant. Quelle surprise de constater que nous arrivons à hauteur de la gare Montparnasse. J’ose avouer que j’éprouve une certaine fierté, lorsque j’entends un type derrière moi annoncer à son voisin que nous n’avons pas encore fait la moitié de la moitié du chemin. Comme quoi on peut vous faire perdre vos illusions en un instant. Curieusement je ne me décourage pas, même que je me sens ragaillardi. 

Le rêve c’est la descente de la rue de Rennes, quand l’air frais fouette le visage, que personne ne ralentit. L’impression de maîtrise est totale, avec quelques petits rappels à l’ordre, notamment quand un « bon » me fait une queue de poisson, poursuivi par trois autres compères. J’oserais dire que la rue de Rennes est reposante. Je n’irais pas demander aux riverains leurs avis, surtout dans la journée, en semaine. Un autre regroupement nous prépare à aborder le boulevard Saint Germain, tout d’un coup c’est le rush. Nous sommes tous propulsés sur cette avenue. Je sens comme une hystérie collective, c’est peut-être une simple projection de ma part provoquée par l’adrénaline. Beaucoup de monde sur les trottoirs en cet après-midi ensoleillé. Pour l’instant je ne vois pas la foule, puis je me retrouve isolé dans un trou de la « rando », au moment même où je passe le carrefour du boulevard Saint Germain avec celui du boulevard Saint Michel. La masse des promeneurs est retenue sur les trottoirs par les membres du service de sécurité. Je me sens traversé par des centaines de regards curieux, amusés. Dans l’attente d’une chute ? Je n’ai pas envie d’endosser ce « rôlle », je me concentre et accélère pour recoller au groupe devant moi : putain d’orgueil. 

Un peu plus loin un monsieur fort aimable nous donne des conseils pour s’arrêter. C’est une bonne idée, jusqu’à maintenant je ne m’étais pas tellement occupé de cet aspect. Avancer le pied droit, baisser les fesses, redresser le talon, compenser avec les épaules. OK pour la théorie, en pratique c’est pas encore ça. Je verrai plus tard, la rando repart. 

On arrive sur le quai Saint Bernard pour rejoindre le pont d’Austerlitz, la voie de droite que nous empruntons est étroite, plus de mille personnes qui s’écoulent sur une chaussée de 4 mètres de large c’est dense. Nous sommes aux coudes à coudes. Celui qui me précède patine, à peine un mètre devant moi, je sens le souffle très proche de celui qui me suit. J’ai le regard bas, je ne vois pas la Seine, ni l’institut du Monde Arabe, ni le Jardin des Plantes. Surgit à ma conscience la pensée que la « rando » est un bon moyen de découvrir Paris. Pas cette fois, il faudra attendre d’être plus à l’aise. 

Nous voilà de nouveau sur la place Valhubert, pour traverser la zone pavée. Quelqu’un crie « chacun pour soi », un autre donne le conseil « surtout ne pas ralentir, passe à fond ». Je n’avais pas imaginé un seul instant de m’occuper de quelqu’un d’autre aussi je ne me sentais pas concerné par la première interpellation. La seconde me paraissait plus judicieuse, vu le ton affirmé avec lequel elle avait été énoncée. Arrivé à un certain stade les dires des autres n’ont aucune signification, seule sa propre expérience compte. Et je me rends compte que l’expérience c’est d’improviser à chaque seconde devant l’inconnu. Et à cet endroit chaque pavé est une seconde, et il y en a un sacré paquet. 

Je me coucherais bien par terre et ne bougerais plus en attendant qu’on vienne me relever. Il y a toujours quelqu’un prêt à en relever un autre. C’est étonnant l’esprit de solidarité qui se réveille instantanément dés d’une personne fait une chute ou éprouve des difficultés. Y a-t-il un « esprit rando » ? Question à explorer plus tard. 

A l’issue d’une éternité apparait dans mon horizon, à plusieurs encablures tout de même, une zone bitumée, la même que celle du premier passage. Ah j’oubliais, j’ai revu la pièce de cinq centimes au milieu de la mer déchaînée. Je ressens l’espoir du naufragé apercevant un « terre », qui va puiser au fond de son être les ultimes ressources pour nager et atteindre ce but. 

Quelques dizaines de mètres sur le plat et un arrêt de regroupement pour se remettre de ses émotions. C’est curieux nous repartons sur le boulevard de l’Hôpital. Mais nous ne tournons pas à droite sur Saint Marcel, et continuons tout droit dans la montée. Je trouve mon rythme et me mets à patiner d’un pas allégrement lourd. Surtout quand je vois un type avec une poussette qui arrive à ma hauteur et me dépasse sans hésitation. Il est très fort me dis-je. Oh surprise ce n’est pas lui qui patine c’est un autre type qui les pousse tous les deux, le « papa » (j’imagine) et la poussette de l’enfant. Encore la fierté, je me mets à accélérer et ça dure, ça dure, je m’accroche, « nom de dieu quelle est longue cette montée ». Les bras sont mis en l’air devant, on va s’arrêter, ouf. Regroupement. 

On repart tranquillement en descente vers le métro que l’on longe jusqu’à la zone de pause, rue du Docteur Flamand. J’entends un piéton, arrêté par la sécurité sur un passage clouté, qui gueule parce qu’il est pressé et qu’il n’a pas le temps d’attendre que passent les mille deux cents connards pour continuer sa route. Un membre du staff lui jette à la figure « nous avons un arrêté préfectoral ». J’éprouve une étrange impression paradoxale d’être un privilégié égoïste et le respect que je porte à l’autre. La montée suivante me ramène à la difficile réalité. Pourtant elle est courte cette dernière montée, je me sens épuisé. Encore quelques longueurs puis nous tournons à gauche, le flot ralentit puis s’éclate, les uns et les autres s’assoient sur les bordures de trottoirs. Une rumeur circule de groupe en groupe « c’est la pause ». Le nageur désespéré à atteint son ile. 

Je déchausse. Est-ce qu’inconsciemment j’ai déjà décidé que je n’irai pas plus loin ? Lorsque mon épouse me propose d’arrêter je réponds oui sans hésiter. Fier d’avoir fait ces dix premiers kilomètres. Comme dirait le monsieur derrière moi tout à l’heure « la moitié du tout ». 

Il me faut un long temps avant de retrouver la sensation de la marche en chaussures de ville. Les muscles commencent à se refroidir, puis l’interminable période de courbatures commence à se répandre dans mon corps. Mais que la douleur est douce lorsqu’on est allé jusqu’au bout (ou presque) de ses limites. L’addiction est là, à quand la prochaine ?

Publicité
19 mars 2010

Sommeil

onirique2RJ'adore ce moment entre une heure et cinq heures du matin. Quand le sommeil a fui, pour je ne sais quelle raison. Ce territoire instable où il n'y a plus de... mais pas encore quelque chose. Cet endroit où les rêves continuent à vivre et les sens s'éveillent aux bruits extérieurs, aux mouvements de mon épouse, à la lumière pâlotte du réveil, aux pulsations de mon corps. Là où les rêves deviennent projets, là où rien n'est impossible. Où ce que je décrirai demain comme bizarre devient une réalité accessible, acceptable voire souhaitée.

Dans ce temps hors temps, l'audace fructifie. La création se débride, les images, les mots, toutes les abstractions émergent et viennent affleurer la conscience sans en altérer l'assoupissement. Dans la pénombre qui précède l'éveil, les créatures de l'imaginaire font la fête et construisent le jour de demain. La muse viendra y puiser les offrandes pour le créateur.

Qu'importe si je n'ai pas mon compte de sommeil. Je me coucherai plus tôt ce soir ou demain soir, puisque je suis libre de choisir. Mon prochain sommeil sera peut-être ininterrompu ? Dommage, j'aime tant ce moment où je suis au centre de moi.

 

17 mars 2010

Le premier pas

Eventail2Celui que l'on refait chaque fois que l'idée d'un projet resurgit. Que le précédent soit ou non complètement construit. Je voulais un site, projet ambitieux, non par sa réalisation, il existe tant de logiciels pour cela, mais par son contenu. Face à "l'écran blanc", j'hésite entre images et textes, sérieux et fantaisie, ludique et ardu. Bref entre ça et "ça". Hésitation à me dépoiler ou me peigner pour paraître, séduire ou "être". Le tout figé dans le temps (un site c'est pas facile à gérer).

Alors j'entreprends de nouveau le premier pas du blog (c'est le troisième plus un forum). Dans le forum j'ai fais l'expérience de la solitude, celle qui frise le mépris (voir catégorie célébration.) Puis j'ai pris conscience que ce que je prenais pour mépris venait de moi, alors j'ai vite revu ma copie. J'ai pensé que je m'y prenais comme un manche, que le silence des "autres", n'était pas forcément un manque d'intérêt pour moi, qu'ils pouvaient avoir aussi leurs propres turpitudes et que cela leur suffisait.

J'entreprends un nouveau blog, l'esprit plus souple, acceptant de parler dans le silence de la nuit sans attendre sans fin, le craquement d'une allumette qui éclaire fugitivement un visage.

Dont acte :

J'écris pour "moi", qui que je sois. Je tends la main, l'oreille, les yeux et la conscience à tout ce qui vient de l'intérieur et de l'extérieur. L'écriture comme une peau hypersensible qui réagit au moindre stimuli. Un média qui relit les pans de ma personnalité et les fait communiquer. Une écriture pour me construire ? Pourquoi pas, encore que je me sente bien sur mes bases. Alors écrire pour grandir. OK je prends.

16 mars 2010

Agora (part 3)

Et désespéré par la solitude :

Alors à ma gauche, cette œuvre menu-mentale s'effondre comme vous pouvez le constater, cela se comprend il s'agit d'une si petite chose qu'elle disparait avec le temps. Un rien en devenir en quelque sorte.

Devant vous, vous admirerez la voie royale. Elle se nomme ainsi, car c'est par là que vous arrivez, et vous êtes ici les rois du lieu, les seigneurs du présent, ceux qui le font vivre et prospérer. Ceux qui sèment, cultivent et récoltent.

A ma gauche, le sourire persistant de cette fresque accrochée à la muraille représente tous les espoirs que cette civilisation met dans la relation. Quel optimisme démesuré n'est-ce pas ? Nous verrons bien, les quelques lueurs que vous percevez par instant, à la limite de votre champ visuel, sont des braises qui n'attendent qu'un léger souffle. Ne retenez pas le votre surtout.

16 mars 2010

Agora (part 2)

Puis j'y ai ajouté cela :

Lieu public, lieu de rencontres, d'échanges, de silences, de bruissements, de brouhaha. Lieu où tu viens, où tu arrives par hasard, où tu retournes par plaisir, par addiction, ou bien que tu fuis, atterré par l'étrangeté des échanges. Lieu ouvert aux grands débats auxquels tu brules de participer, ou bien lieu intime où tu parleras en privé. Voici ce forum : une graine en attente d'être arrosée par de nombreux jardiniers, artistes ou non qui acceptent de s'exprimer sur l'art. "Il est probable que des choses improbables se produiront" (Aristote).

Publicité
16 mars 2010

Agora

Ailleurs (un forum que j'avais ouvert) j'avais écris cela :

J'ai rêvé d'un espace où les hommes entraient prudemment, non par crainte mais par curiosité mesurée, ne cherchant pas à bruler les étapes de la découverte. Dés que l'étrangeté est manifeste, il convient d'avancer doucement pour profiter de tous les détails qui se révèlent au fur et à mesure de la progression. Les frôlements, les bruissements, les murmures, les tintamarres, hurlements et autres manifestations d'agitations sont sources d'apprentissage et d'expériences.

On entre dans l'agora alors que d'autres y sont déjà depuis... Sans doutes des habitués qui se connaissent. Comment accueillent-ils les nouveaux arrivants ? Faut-il présenter des lettres de crédit, des références, faire preuve de compétences ?
Novice de l'art, qu'ai-je à apporter , à part ma naïveté, ma crédulité ou mon incrédulité ?

Qui que tu sois, avance toi ici bas. Mets toi dans la lumière, que l'on te voit, que tu existes. Les novices d'hier sont aujourd'hui les novices de demain.

"Seul l'instant présent compte pour celui qui ouvre les yeux" (proverbe italien du 23e siècle).

Publicité
Ecrire pour parler
Publicité
Ecrire pour parler
Publicité